Et si le virus lui-même devenait tout à coup l’antidote pour lutter contre les maladies bactériennes ?
La phagothérapie, méthode très ancienne utilisée avant l’invention des antibiotiques, pourrait être une alternative sérieuse à l’utilisation de ces derniers. Le principe de la phagothérapie est simple : les patients sont traités avec des bactériophages, encore appelé phages ; c’est-à-dire que les médecins leur injectent des virus qui vont infecter la bactérie responsable de leur maladie. Le virus, en se reproduisant à l’intérieur de la bactérie, finit par la détruire.
Des chercheurs français de l’Inserm ont eu recours à la phagothérapie sur des souris infectées préalablement avec la bactérie E. Coli (Escherichia coli, bactérie intestinale qui compose environ 80 % de la flore intestinale chez l’humain et peut être dans certains cas,peuvent être pathogènes, entraînant alors des gastro-entérites, infections urinaires, méningites, ou sepsis.) Les rongeurs ont été divisés en trois groupes : le premier groupe a été traité avec des antibiotiques, le second avec des phages et pour finir, le troisième groupe, n`a reçu absolument aucun antidote. Les résultats sont bluffants : les deux groupes auxquels un antidote avait été administré ont survécu. Le troisième groupe, quant à lui, n`a pas résisté à la bactérie.
Selon ces mêmes chercheurs, cette étude permet d`affirmer que la phagothérapie est aussi efficace que les antibiotiques, car aucun effet secondaire n`a été observé chez les survivants. Cette méthode serait d`autant plus intéressante du fait qu`il n`y a aucun risque d`antibiorésistance, problème de plus en plus présent chez les patients qui en utilisent.
« La phagothérapie est une approche très intéressante, car la diversité naturelle des bactériophages est extraordinaire et permet de cibler de très nombreuses bactéries. » déclare Jean-Damien Ricard, chercheur à l`université Paris Diderot. En effet, les scientifiques souhaitent poursuivre leur étude non plus sur des rongeurs, mais sur l`Homme. Ils ont déposé une demande de « programme hospitalier de recherche clinique » (PHRC) déclarant qu`en plus de la bactérie E.Coli, les tests seront menés également sur des patients infectés par la bactérie P. Aeruginosa, considérée comme l`une des bactéries les plus difficiles à traiter cliniquement.
Si la phagothérapie a été abandonnée au profit de l`utilisation des antibiotiques, elle pourrait faire son grand retour d`ici peu et ainsi reprendre le dessus.